Je corrige des copies de l'écrit du bac de français pour des séries technologiques.
C'est affligeant de médiocrité.
Dans 90 % des cas les méthodes ne sont pas appliquées, les réponses ne sont pas trouvées, les textes ne sont pas compris, les outils d'analyse ne sont pas connus, pas utilisés, l'expression est déplorable avec beaucoup de phrases sans verbe, l'orthographe est un lointain souvenir d'une autre époque, les majuscules... un soldat inconnu.
Sincèrement je jette les points, histoire d'en mettre. Parce qu'il faut le savoir, la commission d'entente EXIGE que mon paquet de 55 copies dont certaines font 15 lignes aient 10 de moyenne.
Si je n'atteins pas ce quota, mes notes seront augmentées.
Alors à quoi bon ?
A quoi bon passer plus de temps sur une copie que l'élève lui-même ?
A quoi bon toute l'année transmettre conseils, leçons, connaissances ? A quoi bon exiger rigueur et culture ?
Et surtout comment faire comprendre que ce lynchage du niveau du bac affaiblit nos jeunes pour l'avenir ? Pour les exigences de concours et de métiers où, oui, c'est dingue non, il faut savoir écrire, raisonner et analyser.
Pauvre France... Pauvre éducation...
Alors je fais mon choix. Je ne joue pas. Je ne cautionne pas. Je choisis de mettre les notes que ces malheureuses copies valent. Vous distribuerez vous-mêmes, en haut lieu, les notes qui arrangent votre politique.
La bienveillance n'est pas le mensonge.
Votre grand leurre se fera sans moi.