Le Parisien a écrit:Jean-Loïc Meudic a sillonné le réseau de bus parisien de long en large. Ce Parisien, membre actif de l’Association des usagers des transports AUT-IDF, a coordonné plusieurs rapports sur les difficultés de ce mode de transport dans la capitale. Vitesse commerciale toujours aussi médiocre, placements des arrêts à revoir, absence de gestion des carrefours et manque de respect des couloirs réservés : dans une étude publiée en 2021, l’AUT dresse un bilan sévère de la « grande révolution des bus » promise en avril 2019. Cette refonte du réseau RATP est loin d’avoir tenu ses promesses, selon lui.
Deux ans après votre rapport, constatez-vous des améliorations sur le réseau de bus parisien ?
JEAN-LOÏC MEUDIC. Malheureusement, nous sommes au point mort. Nous ne voyons rien changer vraiment, malgré les déclarations d’intention. Le problème principal, c’est la coordination entre la Ville de Paris, Île-de-France Mobilités, la RATP et la préfecture de police. Ils n’arrivent pas à concrétiser une vraie politique en la matière. Il y a une paralysie des différents acteurs. C’est vraiment dommage. Aux arrêts de bus, l’information voyageurs semble aussi aléatoire. Les bornes d’information défaillantes, c’est agaçant. Là aussi, il y a un défaut de management. Quand un écran est en panne, entre l’intervenant électrique, le gestionnaire des arrêts de bus, la RATP et la Ville, les choses n’avancent pas.
Depuis 2019, il n’y a pas eu de retour d’expérience. Résultat : on ne sait pas ce qu’il en est. Nous ignorons les taux de charge des bus sur les lignes RATP, et comment ils varient en fonction du parcours. C’est un élément déterminant. Mais visiblement, c’est secret-défense ! Sans cela, il est très difficile d’objectiver la situation et d’apporter des corrections.
La vitesse commerciale des bus dans Paris plafonne à 11 km/h. Que faire ?
J’ai personnellement parcouru 130 km et nous avons constaté que les bus étaient immobilisés tous les 300 m, hors arrêts ! Il y aurait un travail de fourmi à faire pour repositionner les arrêts. Il y a aussi un aspect totalement ignoré, qui est l’apport des nouvelles technologies pour améliorer la circulation des bus aux carrefours. Pourtant, là où des aménagements ont été faits, comme sur la voie d’insertion sur le boulevard Beaumarchais, à Bastille, ça marche très bien. Le réaménagement demande une entente de toutes les parties. Et on ne voit pas de politique d’ensemble. On a le sentiment que le bus n’est pas pris au sérieux, que c’est un mode réservé aux personnes du troisième âge, qui ont tout leur temps. C’est pourtant un mode inclusif, qui évite les escaliers, contrairement au métro. Le bus est un outil qui n’est pas exploité comme il le devrait.