Monologue littéraire

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yves_de_paris
 
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Bonjour à tous,

Pour ce qui est des adaptations de romans au cinéma, je vais apporter ma pierre !

"La machine à explorer le temps" d'après le roman de HG WELLS

J'ai vu le film avant de lire le roman, et j'ai préféré ce dernier
J'ai du mal à comprendre certains scénaristes qui prennent des libertés avec le roman
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andrei
 
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yves_de_paris a écrit:B
"La machine à explorer le temps" d'après le roman de HG WELLS

J'ai vu le film avant de lire le roman, et j'ai préféré ce dernier
J'ai du mal à comprendre certains scénaristes qui prennent des libertés avec le roman


J'ai abordé le sujet sur l'ancien forum. Une malédiction plane sur l'oeuvre de H.G. Wells : les adaptations cinématographique de ses meilleurs romans sont merdiques !

La machine a explorer le temps a été portée à l'écran une première fois dans les années 60, et une deuxième fois à la fin des années 90 (ou début 2000). Résultat pas terrible dans les deux cas : libertés qui n'apportent rien par rapport au livre. Pire : l'idée de base du roman passe au second plan. L'oeuvre est une sorte de satyre sociale : dans un futur lointain, les "damnés de la terre" seront relégués dans les souterrains, où ils passeront leur vie à produire pour les "exploiteurs" qui vivent désoeuvrés à la surface... Le "chrononaute" débarque à l'époque ou la décadence des anciens exploiteurs a atteint son apogée. Les anciens exploités (les morlochs) vivent toujours sous terre, mais en sortent la nuit tombée pour kidnapper les oisifs de la surface (eloys) et les dévorer dans les souterrains.

Un autre grand roman de Wells, La guerre des mondes subit la même injustice. Le film américain des années 50 est nul, et celui des années 2000 (avec Tom Cruise... c'est tout dire) l'est encore plus. L'idée principale du roman est la décadence de l'Angleterre Victorienne, société obsédée par l'argent, dominée par le militarisme et la religion, et surtout minée par les inégalités sociales. Wells imagine l'invasion martienne démolissant cette société injuste, et en profite pour écorcher l'image des militaires comme des hommes d'Eglise. Les metteurs en scène américains auraient pu reprendre l'idée, en l'adaptant à l'Amérique à la fois dévote et matérialiste, réactionnaire, militariste et surtout en déficit de valeurs morales. Mais, le défi s'est avéré trop intellectuel pour les réalisateurs. Si le film des années 50 a une excuse (le contexte de guerre froide et danger rouge de l'époque), celui de Spielberg n'en a aucune : c'est juste un film d'action / pompe à fric, et Tom Cruise aurait pu être remplacé par Bruce Willis sans bouleverser quoi que ce soit dans l'intrigue.

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Nico
 
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Tout est sous contrôle, de Hugh Laurie

Synopsis : Thomas Lang, est un ancien militaire d’élite qui, hormis sa Kawasaki ZZR1100, n’a pas grand-chose à perdre. Aussi, lorsqu’on lui propose 100 000 dollars pour tuer Mr Woolf, un riche homme d’affaires londonien, Thomas ne se contente pas de refuser poliment mais pousse l’indécence jusqu’à essayer de prévenir la future victime du complot qui se trame contre lui. Une bonne intention ? L’enfer en est pavé. Car si le charme de la fille de Mr Woolf ne le laisse pas insensible, les joueurs sont nombreux dans la partie d’échecs meurtrière qui se met en place. Nombreux et impitoyables.

Ce roman, parodie des polars et autres histoires d'espionnage, est à la fois complètement délirant et totalement réussi. Ecrit en 1995, quand Laurie était un parfait inconnu en France mais humoriste très apprécié au Royaume-Uni, il est rédigé tout du long sur un ton caustique qui ne serait pas sans rappeler le rôle qui rend l'auteur si connu à l'heure actuelle. Contrairement à certaines histoires d'espions et d'action où l'on s'ennuie parfois facilement, ici, on est plongé dans l'histoire jusqu'au bout.

;)
"Try again, fail again. Fail better." Samuel Beckett

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andrei
 
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Nico a écrit: Tout est sous contrôle, de Hugh Laurie
(...)
Ce roman, parodie des polars et autres histoires d'espionnage, est à la fois complètement délirant et totalement réussi. ;)


ça promet ! merci pour le tuyau :wink:

Par contre, tu as oublié d'indiquer l'éditeur et le traducteur du livre :?

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andrei
 
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Mémoires d'un antisémite, de Gregor von Rezzori. Editions l'Age d'Homme, traduit de l'allemand par Jan Dusay.

Le titre laisse présager le pire, et j'ai entamé la lecture du livre en m'attendant à une immersion dans les pires noirceurs de l'âme humaine. Il n'en est rien : point de haine, d'injures, de Pogroms & Co. dans ce chef d'oeuvre ! L'antisémitisme du personnage principal consiste en son adhésion plus ou moins consciente aux préjugés de l'époque. L'auteur est né en 1914 en Bucovine, territoire ayant maintes fois change de pays au cours de l'histoire (Empire Austro-Hongrois, Roumanie, URSS...), et devenu, à force, une vraie tour de Babel multiethnique. Tout au long de sa vie et de son périple dans cette Europe de l'Est de l'entre-deux guerres, les préjugés dont il a été nourri au biberon s'effondreront à la réalité des faits. Dans sa Bucovine natale, il se lie d'amitié avec le fils du médecin (juif) du village ; dans la Bucarest heureuse des années 30, sa bien-aimée lui fera découvrir la philosophie juive ; plus tard, dans la Vienne menacée par l'Anschluss, il fréquentera l'élite culturelle israëlite...

Le choix de l'auteur est brillant : il ne démontre pas l'ineptie de l'antisémitisme par le discours, mais par la rencontre avec les juifs. N'oublions pas que le racisme est avant tout un réflexe de peur, dû à la méconnaissance de l'autre.

Le roman est intelligent, facile à lire, écrit avec un style d'une grande élégance et clarté, sans la moindre lourdeur et dénoué de tout "politiquement correct" ; le tout est parfaitement mis en valeur par une excellente traduction. J'ai été particulièrement ému par la description de l'Europe Orientale qui vivait ses dernières années de paix et d'espoir, de la vie bucarestoise des années 30, et de la communauté juive de l'Est qui vivait ses deniers jours (Marek Halter utilise l'expression de "civilisation disparue"). A lire !

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Yann
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J'ai un peu de retard dans ma chronique. Merci à tous ceux qui y participent ! :D

Une sorte de bleu d'Alain Gerber chez Robert Laffont

Un roman sorti de je ne sais où, mais qui m'a ravi.
Au bout de 3 pages, j'avais envie de jeter le bouquin tellement ça me prenait la tête, mais je me suis accroché et ça a payé ! Certains passages frisent au génie. :D

Dans un style narratif original et parfois brut de cerveau, l'auteur nous renvoie pendant la seconde guerre mondiale en suivant un jeune garçon qui rentre de plein fouet dans la vie. Les personnages prennent littéralement vie au milieu des phrases, les mots s'électrisent pour nous faire passer un courant de sentiments, du plus gai au plus triste et, tel le sarment indomptable, l'esprit tortueux de l'auteur révèle des trésors de magie, qui collent à la réalité crue mais voguent d'un rêve à l'autre.

Yann :wink:
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Yann
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La Chapelle de la Vierge [The Lady Chapel] de Candace Robb aux éditions du Masque, traduit par Laure du Breuil

Un roman policier au Moyen-Âge, c'est plutôt original. Et il faut dire que l'auteur sait bien restituer cette époque.
Mais il y a quand même des fois où les personnages ne sont pas forcément crédibles, on a plus l'impression de voir des personnes actuelles transposées dans le passé. C'est malheureusement un écueil difficile à manœuvrer dans les romans historiques.
Et puis, on retrouve certains défauts des romans policiers américains, où les coïncidences et les enchaînements étranges se succèdent.

Enfin, comment ne pas se référer au modèle du genre pour moi qu'est le Nom de la Rose, d'Umberto Eco, œuvre géniale d'une richesse incroyable et qui est, elle, une véritable machine à voyager dans le temps !

Yann :wink:
Dernière édition par Yann le Ven 15 Nov 2013 15:23, édité 1 fois.
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Passé sous silence d'Alice Ferney chez Actes Sud

Un roman historique, au style original et remarquable, qui retrace la généalogie de l'attentat du Petit Clamart, à la fois du point de vue du général de Gaulle que de celui de Bastien-Thiry.
Pour ma part, cela a éclairé sous un nouveau jour la guerre d'Algérie, et surtout le personnage de Gaulle, sa vision du pouvoir, sa grandeur et son caractère hors normes, capable du pire et du meilleur.
L'auteur, par cette reconstitution, ne remet pas en cause l'indépendance de l'Algérie vis à vis des colons français, mais bien la manière dont celle-ci s'est passée et le jeu trouble mené par de Gaulle.

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Concerto à la Mémoire d'un Ange d'Éric-Emmanuel Schmidt chez Albin Michel

Ça fait longtemps que je voulais découvrir cet auteur qui fait assez parler de lui. Et je suis tombé par hasard sur ce livre de nouvelles, qui s'articulent autour du thème de la prédestination.
J'avoue que je n'ai jamais été attiré par les nouvelles, mais une postface de l'auteur permet de mieux comprendre l'intérêt de ce genre littéraire, et donc d'y voir un livre découpé en plusieurs histoire plutôt qu'un compilation de différentes œuvres.

J'ai bien aimé le style, plutôt conventionnel, sans surprises mais intéressant. Et le fait de développer le même thème au fil de 4 nouvelles, donc 4 points de vue variés, permet une certaine intensité.

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andrei
 
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Hé bien, les grands esprits se rencontrent : on fait dans les lectures musicales, en ce moment :wink:

Concert baroque d'Alejo Carpentier, aux éditions Folio, traduit de l'espagnol par René L.F. Durand.

Un bref roman ayant pour cadre Venise à la fin de la Renaissance. Légèreté de ton, humour omniprésent, intrigue un brin exotique... Le début est un brin classique, puis l'intrigue s'emballe, les siècles se télescopent : Scarlatti, Händel et Vivaldi prennent un petit-déjeuner près de la tombe d'Igor Stravinski, Wagner quitte Venise pour son dernier voyage alors que Louis Armstrong donne son premier concert dans la ville... Bref, un vrai petit bijou rafraîchissant et jouissif !

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