Bonjour,
Un petit point sur le contrôle technique :
- https://x.com/vpecresse/status/1826313931838677123
Voici l'article Le Parisien :
- https://www.leparisien.fr/info-paris-il ... 5RVLZE.php
Comme l'article est payant le contenu :
- " « Effacer les alertes » : les étranges pratiques de la RATP avant le contrôle technique de ses bus
EXCLUSIF. Afin d’éviter les immobilisations de bus pour des contre-visites, des employés de la RATP seraient sommés d’effacer les voyants d’alerte des véhicules juste avant de les conduire au contrôle technique. Plusieurs chauffeurs ont accepté de nous raconter comment ils procèdent.
Pour se couvrir, il a gardé les SMS qu’il a envoyés à son chef. Il nous les montre mais préfère témoigner anonymement, afin de s’éviter des ennuis. Élie (le prénom a été changé), chauffeur de la RATP en banlieue parisienne, a plusieurs fois conduit un bus de son dépôt vers un centre de contrôle technique. Jusque-là, rien de bien compliqué. Mais s’il prend autant de précautions, c’est parce que le trajet n’est pas la partie la plus délicate de cette mission. Ce qui compte est d’accepter de réaliser une manipulation pas très orthodoxe : effacer tous les voyants signalant un souci technique sur le tableau de bord avant le passage au contrôle.
Tout se passe juste devant l’entrée du garage. « On nous fournit une valise ou un boîtier électronique, le même que celui d’un garagiste pour les diagnostics », explique Joël (le prénom a été changé), un autre conducteur parisien. Le branchement s’effectue juste derrière la cabine du chauffeur, qui n’a plus qu’à cliquer sur « effacer les alertes » sur l’écran de la valise électronique. Les voyants d’alerte disparaissent.
Plus aucune anomalie visible au tableau de bord
Comme quelques mètres seulement séparent le bus — débarrassé de ses voyants — du garage, l’ordinateur de bord n’a pas le temps de rallumer les alertes : plus aucune anomalie visible au contrôle technique. « C’est à la sortie seulement, en roulant quelques instants pour rentrer au dépôt, que tous les voyants se rallument », relate Élie.
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Conscients que ce qu’ils font est contraire aux règles de sécurité, certains chauffeurs ou mécaniciens mandatés pour aller au contrôle technique ont même réalisé des vidéos. « Je voulais avoir la preuve de ce qui était fait, si j’avais un accident », confie un autre conducteur de bus.
Cette manipulation douteuse permettrait, selon les conducteurs interrogés, d’éviter une contre-visite, obligatoire si un voyant est allumé lors du contrôle technique. « Il ne faut pas que les bus restent immobilisés, autrement toutes les rotations ne sont pas assurées, détaille Élie. La RATP peut avoir des pénalités et les chefs se font taper sur les doigts. »
« On m’avait dit que si je ne le faisais pas, je pouvais faire mon sac et partir »
Une pratique ancienne selon les chauffeurs interrogés. En mars 2020, un bus de la RATP termine sa course dans l’enceinte d’un lycée de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Le chauffeur avait participé à cette fraude au contrôle technique, et éteint un voyant correspondant au refroidissement moteur. « Sur trois jours, j’ai éteint tous les voyants de trois bus », admet-il aujourd’hui.
En mars 2020, un bus a fait une sortie de route à Noisy-le-Grand. Son chauffeur avait participé à la fraude au contrôle technique.
Il a reconnu cette pratique lors de l’enquête de police. « C’était mon premier vrai emploi, plaide-t-il. Ils m’ont mis la pression. On m’avait dit que si je ne le faisais pas, je pouvais faire mon sac et partir ».
« Le bus est devenu incontrôlable »
Avant l’entame de sa tournée, ce jour-là, des voyants sont allumés. « Le responsable m’a dit que ça n’était pas grave, que je pouvais rouler et comme je ne suis pas mécanicien, je n’ai rien à dire », se rappelle-t-il. Mais quelques instants plus tard, il comprend qu’il y a un dysfonctionnement de dépressurisation. « J’ai entendu un pschhh. Plus rien ne répondait, ni le système de direction ni le système de freinage. Le bus est devenu incontrôlable… J’ai fini dans un lycée, j’aurais pu tuer quelqu’un. »
Souffrant d’une désinsertion du tendon de la jambe, il garde aujourd’hui des séquelles. « Je n’ai plus aucune force, je prends des médicaments contre la douleur, je marche encore avec des béquilles et j’ai encore, quatre ans plus tard, trois séances de kiné par semaine », soupire celui qui n’a toujours pas pu reprendre un travail et reste traumatisé psychologiquement.
Convoqué pour un entretien préalable à un licenciement par la RATP, le chauffeur diagnostiqué comme ayant un « stress post-traumatique » riposte et dépose plainte. Il est finalement mis hors de cause dans cet accident. Contactée, la RATP affirme aujourd’hui que « le bus ne présentait pas de défaillance technique pouvant expliquer l’incident ».
« La plupart du temps, les voyants allumés ne sont pas des éléments constituant un gros risque pour rouler, tempère un autre chauffeur. Il y a par exemple l’alerte sur l’antipollution : celui-là est très souvent allumé. Après, on me demande de tout effacer, même parfois des problèmes sur le moteur. Pourtant, ce n’est pas mon rôle, je suis là pour transporter des voyageurs normalement. »
Jean Castex « ne partage pas les appréciations ou les insinuations portées »
S’il est difficile de quantifier ces pratiques, elles semblent répandues dans plusieurs dépôts de bus. « Je pense au moins la moitié de la vingtaine de centres à Paris et en petite couronne, estime Luc Wallop, ex-représentant du personnel au conseil d’administration de la RATP et lanceur d’alerte sur ce sujet. Cela met en danger les conducteurs, les passagers et même les usagers de la route », assure-t-il.
À plusieurs reprises, et notamment en mai et juillet, lors des conseils d’administration, Luc Wallop a alerté la direction de l’entreprise de ces dérives. « Cela se fait depuis longtemps, mais j’espérais que Jean Castex (l’ancien Premier ministre aujourd’hui à la tête de la RATP) mette un coup de pied dans la fourmilière. Malheureusement, ce n’est pas le cas. »
Lors de ces conseils d’administration, Jean Castex a répondu qu’il « ne partage (ait) pas les appréciations ou les insinuations portées ». Pourtant, ce système semble bien perdurer. Posté à deux reprises, en juin et juillet, devant un centre de contrôle technique situé dans le Val-d’Oise accueillant des bus qui circulent sur des lignes dans Paris intra-muros, Le Parisien a pu constater l’opération par lui-même. Le véhicule stationne à l’entrée et le chauffeur passe juste derrière sa cabine pour une manipulation avec un ordinateur, avant de redémarrer pour entrer dans le centre de contrôle technique.
Un membre de la direction avançait une explication lors d’une autre réunion, preuve que le phénomène n’est pas inconnu. « Pour acheminer les bus au contrôle technique, il faut parfois prendre des voies rapides qui déclenchent un voyant appelé voyant orange, qui ne nécessite pas forcément l’arrêt du véhicule, décryptait-il. Ce voyant est neutralisé dans certaines conditions au moment de l’arrivée au contrôle technique. »
« Il faut que vous passiez la valise juste devant chez nous »
Les chauffeurs sont malgré tout formels : on leur demande de tout effacer. « De toute façon, je ne suis pas mécanicien, je ne fais pas la différence entre les alertes, moi », lâche l’un d’eux. « Ce qui est fou, c’est que ça ne viendrait pas à l’idée d’un particulier d’effacer tous les voyants avant de passer sa voiture personnelle au contrôle technique, ironise Luc Wallop. La différence, c’est que les centres de contrôle technique ferment les yeux… parce que c’est la RATP. »
Contactée, la RATP explique qu’un « voyant orange de tableau de bord n’est pas bloquant en termes de sécurité pour la conduite du véhicule, seul le voyant rouge l’est ». Le transporteur précise ensuite que, pour lui, rien n’empêche les centres de contrôle technique de voir les anomalies. « La valise de diagnostic utilisée par les centres bus (dont se servent les mécaniciens RATP) permet de lire les défauts, indique la RATP. Il est possible de remettre à zéro les valeurs de mesure. Mais lorsque le bus est mis sous tension lors du contrôle technique, en cas de dysfonctionnement majeur, le défaut apparaît de nouveau. » Une information contestée par un responsable d’un centre de contrôle technique joint par Le Parisien.
Les plus de 5 000 bus qui circulent en Île-de-France devant passer cet examen de validation tous les six mois, le contrat de la RATP est juteux pour l’entreprise Dekra, qui assure ces contrôles. Cette société « n’a pas connaissance de telles pratiques », nous répond-elle. Pourtant, il suffit de téléphoner dans l’un des centres de cette entreprise en se faisant passer pour un chauffeur novice pour obtenir une réponse sans équivoque : « Il faut que le voyant moteur ne soit plus allumé pour éviter une contre-visite, sinon c’est obligatoire, indique l’un des employés. Par contre, n’enlevez pas l’ampoule, hein, ça ne sert à rien. Il faut que vous passiez la valise juste devant chez nous. Là, vous effacez les défauts et nous… on ne verra rien. "
Et même le Figaro :
- https://www.lefigaro.fr/economie/la-rat ... oid_Figaro
Kilomètre quand tu nous tiens....
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