La ligne S Paris-Malesherbes du RER D va mettre Corbeil-Essonnes à 30 minutes de la capitale
Île-de-France Mobilités a acté la mise en place de nouveaux allers-retours entre Malesherbes (Loiret) et Paris, afin de raccourcir les temps de trajet sur la branche sud. Les élus des villes concernées s’en réjouissent, mais demandent à « aller plus loin ».
« J’y croirai le jour où je prendrai un train à Corbeil-Essonnes et que je serai à Paris en trente minutes. » Les usagers de la branche sud du RER D partagent l’avis de Bruno Piriou, le maire (DVG) de Corbeil-Essonnes. Le chemin est encore long, mais des « avancées majeures » ont été approuvées lors d’une réunion qui s’est tenue en milieu de semaine au sujet de la future ligne S. Île-de-France Mobilités (IDFM), SNCF Réseau et six communes de l’Essonne et du Loiret (Ballancourt, Corbeil-Essonnes, Étiolles, Ris-Orangis, Soisy-sur-Seine et Malesherbes) étaient autour de la table.
Depuis 2020, ces dernières se battent aux côtés des associations d’usagers pour « une revoyure du schéma directeur du RER D » appliqué depuis 2019 et visant à améliorer le RER D. Fin 2022 est apparu le projet de cette ligne S : un cabinet indépendant a démontré qu’il était possible de débloquer 29 sillons (des allers-retours), dont 21 Malesherbes-Paris et le reste pour des trajets sans correspondance Corbeil-Paris.
Et le projet avance : au moins six sillons ont d’ores et déjà été actés par Île-de-France Mobilités (IDFM) et SNCF Réseau. Ce qui devrait permettre aux 20 000 usagers de la branche sud de diminuer leur temps de trajet jusqu’à Gare-de-Lyon dès la fin de l’année 2024 ou le début de 2025.

Une première victoire pour les usagers de la branche Juvisy-Malesherbes qui, depuis l’application du SA 2019 (le projet de refonte du RER D), ont vu leur offre fortement dégradée, avec des temps de trajet rallongés d’au moins vingt minutes. Voire bien plus en cas de difficultés lors des correspondances à Juvisy ou Corbeil, un problème fréquent puisque le RER D n’atteint pas les 90 % de régularité.
« Garantir des moyens de mobilité pour la grande couronne »
Désormais, « nous devons aller plus loin pour garantir des moyens de mobilité aux habitants de la grande couronne », estime Marie Guévenoux, députée (Renaissance) de la 9e circonscription de l’Essonne, très impliquée dans ce dossier. Et les élus de l’Essonne peuvent compter sur l’appui du conseil départemental et de la région, « rangés à notre demande suite à l’étude que nous avons commanditée au cabinet suisse indépendant SMA », enchaîne Bruno Piriou.
« Depuis la refonte du RER D avec le SA 2019, les élus et les usagers se battent pour retrouver des trains directs, rappelle l’édile. La SNCF Réseau plaidait l’infaisabilité. Le cabinet a prouvé le contraire. »
La situation évolue donc après trente mois de combat. Le 24 mai, lors d’une réunion à Évry-Courcouronnes, une pétition de 4 500 signatures pour porter le projet de la ligne S a été remise à Valérie Pécresse, la présidente (Libres) de la région et d’IDFM. Cette dernière avait demandé à SNCF Réseau de revenir au plus tard le 15 juin avec des propositions.
« La démarche est révolutionnaire, s’enthousiasme Stéphane Beaudet, vice-président en charge des transports à la région et maire (SE) d’Évry-Courcouronnes. Pour la première fois, IDFM ne se range pas à ce que la SNCF considère comme possible ou non, c’est IDFM qui lui demande le nombre de sillons que l’on peut réserver, fort de l’étude de SMA. »
En 2018, quand les élus de la branche sud du RER D se sont mobilisés contre le SA 2019, Stéphane Beaudet avait pourtant défendu le projet. « J’assume le SA 2019, poursuit l’élu. Sur le plateau, il a donné de bons résultats. Mais la SNCF n’a pas été au rendez-vous pour la branche sud jusqu’à Malesherbes, l’interconnexion n’a pas fonctionné. »
Mêmes arguments de la part de François Durovray, le président (LR) du conseil départemental de l’Essonne et membre d’IDFM. « Le SA 2019 était indispensable, défend-il. Mais j’ai le sentiment que SNCF Réseau n’a pas tenu ses engagements et a menti en affirmant qu’il n’était pas possible de maintenir des trains directs pour la branche sud. L’étude a prouvé le contraire. »
Une amélioration possible « dès 2024 »
S’il se réjouit de la nouvelle offre en préfiguration, François Durovray reste prudent. « Quand bien même de nouveaux sillons seront trouvés, encore faut-il le matériel. On veut faire cette ligne S pour raccourcir les temps de trajets des voyageurs de la branche sud du RER D, à un horizon pas forcément lointain, c’est possible dès fin 2024. »
Élus et usagers espèrent davantage. « Pour 2025, on doit réussir à passer de 6 à 9 sillons, et pour 2026, il faut que l’État et la région inscrivent comme priorité le saut-de-mouton à Bercy, une infrastructure majeure, insiste Marie Guévenoux. D’ici là, les usagers ne vont pas se déplacer en gondoles, il faut donc mettre en place des solutions rapides. »
« Il faut débloquer des sillons en heures pleines, ajoute Bruno Piriou. Pour le moment ils sont surtout tôt le matin, à 10 heures, 16 heures et après 19 heures, indique le maire de Corbeil. On est déjà contents car les gens peuvent s’adapter. On ne doit pas relâcher la pression, même si une présidente de région qui appuie nos demandes, cela aide. »
Les doléances des élus « sont précises, car rédigées après plusieurs mois d’expertises et de dialogue technique avec les autorités de transports, conclut Stéphane Raffalli, maire (PS) de Ris-Orangis. Nous sommes désormais soutenus. Il faut que ce projet soit mis en place pour 2025. »