Là où se termine la terre de
Désirée & Alain Frappier
Un livre qui a une histoire et une saveur très particulière pour moi !
Comme je l'ai déjà dit, cet été nous étions chez un ami fan de BD. Et justement, pendant notre séjour, il y avait à Martel un salon avec une trentaine de dessinateurs, où il nous a bien sûr amenés. Nous avons suivi, plus par curiosité que par réel engouement : lire des livres, c'est une chose, partager avec les auteurs en est une autre. Le dernier salon littéraire où j'étais allé, j'avais l'impression d'être au milieu de commerçants et non d'écrivains, n'osant échanger quelques paroles avec eux sans devoir acheter l'un de leurs bouquins.
Mais la BD reste un univers à part, et petit à petit nous sommes rentrés dans l'ambiance (après une excursion sur le chemin de fer du Haut Quercy

). En furetant au comptoir des ventes, je repère quelques bouquins qui m'interpellent, dont La vie sans mode d'emploi... Un peu plus tard, tandis que ma femme et ma fille se font dédicacer un exemplaire de Belle et Sébastien, on repère une affiche qui nous attire par son dessin simple et son titre évocateur. Porté par l'enthousiasme ambiant, j'achète le livre et me dirige vers le stand des auteurs pour une dédicace. Et là, une rencontre vraiment extraordinaire !
Désirée et Alain Frappier sont mariés et travaillent ensemble : elle écrit, il dessine. Tout de suite, je sens une alchimie, une complicité entre les deux auteurs qui sont pourtant bien différents : elle très à l'aise pour discuter, lui beaucoup plus réservé. On entame donc un petit échange sur le livre pendant qu'ils réalisent chacun leur leur tour une partie de la dédicace (voir ci-dessus).
Elle me présente donc leur roman graphique, qui est un témoignage, celui de leur ami Pedro Atías Muños, un chilien qui vit en France depuis son exil. Déroulant dans le même temps son histoire et celle de son pays, on suit l'ascension de Salvador Allende et du socialisme sud-américain en général, avec en parallèle l'emprise grandissante des USA sur tout le continent, qui conduira à la prise de pouvoir de Pinochet (ça sera pour le tome 2). C'est avant tout un document journalistique, une passionnante immersion historique dans ce pays dont on connait peu de choses. Mais l'aspect graphique de l’œuvre est également fondamentale. Comme elle me l'explique, dessiner des visages, une foule qui avance, des souvenirs mélangés permet d'exprimer des émotions qu'il n'est pas toujours facile de traduire textuellement. Pour paraphraser un célèbre slogan : Le poids des mots, le choc des dessins !
On parle aussi d'un autre de leur bouquin, La vie sans mode d'emploi, et notamment de la référence à La vie mode d'emploi de George Pérec, un de mes livres culte.
Bref, une vraie belle rencontre, un échange convivial et sincère qui a donné à ma lecture ensuite une dimension particulière, où je me sentais en connexion avec les auteurs.
Yann
